La plupart des stagiaires l’expriment elles-mêmes lorsqu’elles intègrent l’atelier : elles ne connaissent pas le monde du travail en France, ne savent pas quels métiers existent, quelles formations elles pourraient réaliser. Toutes souhaitent pouvoir travailler, être autonomes financièrement, mais il leur est difficile de se projeter dans un emploi. A ce manque de connaissances s’ajoutent de nombreuses conséquences des évènements violents qu’elles ont vécus, telles que le manque d’estime de soi, la faible confiance en soi, l’isolement ou encore des freins liés au parcours migratoire comme l’absence de qualification et une faible expérience professionnelle.
- L’accompagnement proposé par l’atelier
L’accompagnement proposé à l’atelier et en cours de français permet aux stagiaires de reprendre confiance petit à petit, de développer de nouvelles compétences. Elles se rendent ainsi compte de leurs capacités à tenir un rythme, à s’adapter à un nouvel environnement, à apprendre, à travailler en équipe et à rester concentrées… Cela constitue une première étape dans l’acquisition des codes et des règles du monde du travail.
En complément, un suivi régulier avec la Conseillère en Insertion Professionnelle permet aux stagiaires d’interroger leurs envies, de s’intéresser à des métiers jusqu’alors inconnus ou non envisagés, de déconstruire certains stéréotypes sur des métiers « genrés », de réfléchir autour de leurs besoins dans le travail… Elles peuvent alors s’autoriser à se projeter, à faire des choix pour leur avenir.
Cette construction du projet professionnel passe par des rendez-vous réguliers, mais aussi par des visites en extérieur, organisées régulièrement.
- Des visites collectives
Par exemple, en septembre 2024 a eu lieu la compétition mondiale WorldSkills à Lyon. Cet évènement d’ampleur internationale a permis de mettre en lumière de nombreux métiers et savoir-faire. C’est dans ce cadre qu’un groupe de 4 stagiaires de l’atelier s’est rendu sur le site de la compétition, à Eurexpo, afin de découvrir plusieurs dizaines de métiers à travers la pratique en direct des jeunes compétiteurs et compétitrices. Cela a permis aux participantes de poser des questions, d’avoir une meilleure représentation des gestes professionnels, des environnements de travail, des exigences requises pour les différents métiers présentés. Toujours dans le cadre des WorldSkills, un groupe de 5 stagiaires s’est rendu au sein d’une entreprise historique de Lyon, la Miroiterie Targe, pour observer un atelier de travail bien différent de l’atelier Malesherbes !
Ce type d’évènement étant accessible à tout le monde, pas besoin d’avoir une autorisation de travail pour commencer à construire son projet, afin de s’orienter vers l’emploi ou la formation adéquate dès l’obtention de cette autorisation. C’est le cas de H., l’une des stagiaires ayant pris part aux visites des WorldSkills, ainsi qu’à la visite d’un bateau restaurant dans le cadre du festival RHEVE en février 2025, pour découvrir les métiers de la restauration/hôtellerie. Le choix de H. s’est finalement porté sur le domaine de la logistique, et elle a pu rejoindre une formation de français liée aux métiers de la logistique et du transport deux mois après avoir obtenu son autorisation de séjour et de travail, au moment où son stage à l’atelier a pris fin.
- De l’accompagnement individuel et collectif
Par ailleurs, l’élaboration du CV constitue une étape intéressante et nécessaire, afin de faire le point sur les expériences passées et toutes les compétences déjà acquises. L’occasion de se rendre compte de ses capacités et de tout le chemin parcouru.
Des ateliers « coaching emploi », animés par une psychologue du travail sont également proposés aux stagiaires. Le but de cette action est de permettre aux participantes de comprendre et de développer des habiletés pour accroitre l’estime de soi, acquérir la confiance en soi et apprendre à s’affirmer en milieu professionnel.
Pour les stagiaires ayant des autorisations de séjour et de travail, l’accompagnement sur l’insertion professionnelle permet d’apprendre et d’appliquer les techniques de recherche d’emploi, d’effectuer des stages d’immersion pour découvrir les métiers de manière concrète, d’accéder à des formations…
IMG-20250701-WA0004Ainsi, les stagiaires gagnent en autonomie, au fur et à mesure des démarches réalisées. L’accompagnement à l’insertion professionnelle permet de dynamiser leur parcours à l’AAVA, afin qu’elles se projettent au-delà de l’atelier tout en se sachant soutenues et sécurisées. Aucun parcours professionnel n’est linéaire, elles ont droit à l’erreur et peuvent tester différentes choses, changer d’avis…c’est en faisant ces expériences qu’elles continuent à avancer dans l’élaboration de leur projet.
Nerys Crowther, chargée d’insertion socio-professionnelle